4A_508/2013 (amtl. Publ.): Prüfung, ob das Schiedsgericht gegen den Grundsatz der materiellen Rechtskraft verstiess

Mit Entscheid 4A_508/2013 vom 27. Mai 2014 befasste sich das Bun­des­gericht mit der Frage, ob der Schiedsspruch mit dem prozes­sualen Ordre pub­lic unvere­in­bar sei, weil das Schieds­gericht ange­blich gegen den Grund­satz der materiellen Recht­skraft ver­stossen habe.

Ein Schieds­gericht stellte die Gültigkeit des Ver­trags AA1 fest und verurteilte die Partei A, der Partei B fast USD 25 Mil­lio­nen zu zahlen. Die Partei A erhob Beschw­erde gestützt auf Art. 190 Abs. 2 lit. e IPRG mit dem Argu­ment, dass das Schieds­gericht gegen den Grund­satz der materiellen Recht­skraft ver­stossen habe, weil ein staatlich­es Gericht bere­its die Nichtigkeit des Ver­trags AA1 fest­gestellt habe.

Das Bun­des­gericht bestätigte ein­lei­t­end, dass ein Schiedsspruch mit dem prozes­sualen Ordre pub­lic unvere­in­bar sei, wenn das Schieds­gericht gegen den Grund­satz der materiellen Recht­skraft ver­stossen würde (E. 3.1):

Un tri­bunal arbi­tral vio­le l’or­dre pub­lic procé­dur­al s’il statue
sans tenir compte de l’au­torité de la chose jugée d’une déci­sion antérieure ou
s’il s’é­carte, dans sa sentence
finale, de l’opin­ion qu’il a émise dans une sen­tence préju­di­cielle tran­chant une ques­tion préal­able de
fond
(…). L’au­torité de la
chose jugée vaut égale­ment sur le plan
inter­na­tion­al et gou­verne, notam­ment, les rap­ports entre un tri­bunal arbi­tral suisse et un tri­bunal éta­tique étranger. Si donc une par­tie saisit un tri­bunal arbi­tral ayant son siège en
Suisse d’une demande iden­tique à celle qui a fait
l’ob­jet d’un juge­ment en force ren­du entre les mêmes
par­ties sur un ter­ri­toire autre que la Suisse, le tri­bunal arbi­tral, sous peine de s’ex­pos­er au grief de vio­la­tion de l’or­dre public
procé­dur­al, devra déclar­er cette demande irrecev­able pour autant que le juge­ment étranger soit sus­cep­ti­ble d’être recon­nu en Suisse en ver­tu de l’art. 25 LDIP, les dis­po­si­tions spé­ciales des traités
inter­na­tionaux visés à l’art. 1er al. 2 LDIP étant réservées
(…). Une déci­sion étrangère est
recon­nue en Suisse, entre autres con­di­tions, si la
com­pé­tence des autorités judi­ci­aires ou admin­is­tra­tives de l’É­tat dans lequel elle a été ren­due était donnée
(art. 25 let. a LDIP). 

Ob der Anspruch, der vor einem aus­ländis­chen Gericht gel­tend gemacht wurde, iden­tisch ist mit dem Anspruch, der vor einem Schweiz­er Gericht gel­tend gemacht wird, beurteilt sich nach der lex fori (E. 3.2):

A moins que le con­traire ne résulte d’un traité inter­na­tion­al, déter­min­er si
la pré­ten­tion qui a été élevée devant un tribunal
étranger et celle qui est soumise à un tri­bunal suisse
sont iden­tiques est une ques­tion qui doit être tranchée selon la lex fori
( …).
Ce sont donc les principes étab­lis à ce sujet par la jurispru­dence du Tri­bunal fédéral qui trou­vent à s’ap­pli­quer ( …). Sans doute l’au­torité de
la chose jugée est-elle un effet de la
déci­sion qui dépend de la loi de l’É­tat d’o­rig­ine, de sorte qu’il appartient
à cette loi de pré­cis­er les con­di­tions et les
lim­ites de cet effet
(…). Il s’en­suit que l’étendue
sub­jec­tive, objec­tive et tem­porelle de l’au­torité de la chose jugée varie d’un sys­tème juridique à
l’autre. L’har­mon­i­sa­tion dans ce domaine doit cepen­dant être recher­chée dans
la mesure du pos­si­ble, et elle est obtenue de la façon suiv­ante: un juge­ment étranger recon­nu n’a en Suisse que l’au­torité qui
serait la sienne s’il émanait d’un tri­bunal suisse
.
Ain­si, un juge­ment étranger non
con­sti­tu­tif qui serait oppos­able aux tiers selon la loi de l’É­tat d’origine
ne béné­ficiera de l’au­torité de la chose jugée en Suisse qu’à l’é­gard des par­ties à la
procé­dure qu’il a close (…).
De même, l’au­torité de la chose jugée d’un juge­ment étranger qui s’é­tendrait aux
motifs de celui-ci, d’après la loi de l’É­tat d’o­rig­ine, ne sera admise en
Suisse que pour les chefs du dis­posi­tif de ce juge­ment (…). A l’in­verse, le juge­ment étranger ne pro­duit pas
plus d’ef­fet, en Suisse, que ne lui en attribue le sys­tème juridique dont il
émane
( …).

Das Bun­des­gericht rief die Voraus­set­zun­gen der materiellen Recht­skraft in Erin­nerung (E.3.3):

Selon la jurispru­dence du Tri­bunal fédéral, il y a autorité de la chose jugée lorsque
la pré­ten­tion litigieuse est iden­tique à celle qui a déjà fait l’ob­jet d’un
juge­ment passé en force
(iden­tité de l’objet
du lit­ige
). Tel est le cas lorsque, dans l’un et l’autre procès, les mêmes par­ties ont soumis
au juge la même pré­ten­tion en se bas­ant sur les mêmes
faits
. Pré­cisant sa jurispru­dence en la matière, le Tri­bunal fédéral a
indiqué, dans un récent arrêt, qu’il n’est, en
principe, pas néces­saire d’in­clure la cause juridique
dans la déf­i­ni­tion de
l’ob­jet du lit­ige
, par­tant que
l’i­den­tité des pré­ten­tions déduites en jus­tice est
déter­minée par les con­clu­sions de la demande et les
faits invo­qués à l’ap­pui de celle-ci, autrement dit par le com­plexe de faits
sur lequel les con­clu­sions se fondent (…). Il a réaf­fir­mé, en out­re, que l’i­den­tité doit s’en­ten­dre d’un point
de vue, non pas gram­mat­i­cal, mais
matériel
, si bien qu’une nou­velle pré­ten­tion, quelle
que soit sa for­mu­la­tion, aura un objet
iden­tique à la
pré­ten­tion déjà jugée si elle appa­raît comme étant son
con­traire ou si elle
était déjà con­tenue dans celle-ci
(…), telle la pré­ten­tion tranchée à titre prin­ci­pal dans le pre­mier procès et revêtant
la qual­ité de ques­tion préju­di­cielle dans le
second (…).

Das Bun­des­gericht erk­lärte weit­er, dass es die Rechts­fra­gen frei prüfen würde, die sich bei der Frage stellen, ob das Schieds­gericht gegen den Grund­satz der materiellen Recht­skraft ver­stossen habe. Es begrün­dete seine Hal­tung damit, dass eine Ver­wand­schaft beste­hen würde zwis­chen der Zuständigkeit (bei der das Bun­des­gericht die Rechts­fra­gen frei prüft) und dem Grund­satz der materiellen Recht­skraft (E. 3.4):

Rien ne saurait donc jus­ti­fi­er de restrein­dre le pou­voir d’ex­a­m­en du Tri­bunal fédéral lorsqu’il est appelé à véri­fi­er le respect de cette règle essen­tielle ni, par­tant, de don­ner qui­tus au tri­bunal arbi­tral ayant son siège en Suisse au seul motif qu’il a procédé à une analyse fouil­lée de l’au­torité de la chose jugée du juge­ment étranger. Il con­vient, bien plutôt, de s’en tenir aux règles ordi­naires posées par la jurispru­dence en la matière et, sin­gulière­ment, à celles rel­a­tives au grief d’in­com­pé­tence (art. 190 al. 2 let. b LDIP), étant don­né la par­en­té exis­tant entre le prob­lème de la com­pé­tence et celui de l’au­torité de la chose jugée. Aus­si bien, le tri­bunal arbi­tral qui entre en matière sur une pré­ten­tion ayant déjà fait l’ob­jet d’un juge­ment revê­tu de l’au­torité de la chose jugée et qui rend une sen­tence au sujet de ladite pré­ten­tion, même s’il le fait sur la base d’une con­ven­tion d’ar­bi­trage val­able empêchant de le con­sid­ér­er comme incom­pé­tent et de le sanc­tion­ner sous l’an­gle de la dis­po­si­tion préc­itée, ne s’ar­roge pas moins, au final, une com­pé­tence matérielle qui lui fait défaut. Par con­séquent, le Tri­bunal fédéral exam­in­era libre­ment les ques­tions de droit, y com­pris les ques­tions préal­ables, qui pour­raient se pos­er s’agis­sant de déter­min­er si les arbi­tres ont passé out­re à l’au­torité de la chose jugée de l’ar­rêt V.________ invo­qué par la recourante.

Das Bun­des­gericht prüfte zuerst, ob Partei­iden­tität vor­lag (E. 4.2.1):

Selon le principe de la rel­a­tiv­ité sub­jec­tive de la chose jugée, l’au­torité de la chose jugée d’un juge­ment ne peut être invo­quée dans un nou­veau procès que si celui-ci oppose les mêmes par­ties ou leurs suc­cesseurs en droit (…). C’est sous réserve des juge­ments con­sti­tu­tifs ( Gestal­tung­surteile ), lesquels sont oppos­ables aux tiers (…). L’ef­fet inter partes de l’au­torité de la chose jugée ne dépend pas de la posi­tion respec­tive que les par­ties ont occupée dans l’un et l’autre procès (…). Il pour­ra donc être invo­qué, par exem­ple, à l’en­con­tre du deman­deur à une action en con­stata­tion de droit pos­i­tive qui, défend­eur dans le pre­mier procès, avait con­clu sans suc­cès au rejet d’une action en con­stata­tion de droit néga­tive por­tant sur le même rap­port juridique. Au demeu­rant, qu’il y ait eu encore d’autres par­ties dans le procès antérieur n’em­pêche pas, en principe, d’ad­met­tre l’i­den­tité des par­ties dans le sec­ond procès pour autant que les par­ties à ce procès aient égale­ment par­ticipé au procès antérieur (…).

Im staatlichen Ver­fahren nah­men die bei­den Parteien die Rolle der Beklagten ein. Als Kläger trat ein Staat­san­walt auf. Das Bun­des­gericht zog in Erwä­gung, angesichts der beson­deren Umstände einen weniger for­mal­is­tis­chen Ansatz zu wählen bei der Prü­fung der Frage, ob Partei­iden­tität vor­liegen würde (E. 4.2.1.):

Cela étant, on peut sérieuse­ment se deman­der si, dans des sit­u­a­tions aus­si spé­ci­fiques que celle qui car­ac­térise la cause en lit­ige, une approche moins for­mal­iste de la notion d’i­den­tité des par­ties ne serait pas souhaitable, en ce sens qu’elle per­me­t­trait de tenir compte du rôle sin­guli­er joué dans la procé­dure éta­tique ouverte en pre­mier lieu à l’é­tranger par la par­tie absente dans la procé­dure intro­duite ultérieure­ment devant un tri­bunal arbi­tral ayant son siège en Suisse et de faire bar­rage à d’éventuelles manoeu­vres visant à tor­piller la procé­dure arbi­trale. […] Mesurée à cette aune, l’ap­pré­ci­a­tion de la sit­u­a­tion, telle qu’elle a été faite en l’e­spèce par le Tri­bunal arbi­tral — en par­ti­c­uli­er, la mise en relief du rôle dévolu à un représen­tant de l’É­tat dans une procé­dure intéres­sant deux sociétés com­mer­ciales, dont l’une était con­trôlée par ce même État — ne prêterait pas le flanc à la critique.

Das Bun­des­gericht bemerk­te schliesslich, dass es die delikate Frage nicht abschliessend beurteilen müsse, weil das Vor­liegen der materiellen Recht­skraft bere­its aus anderen Grün­den zu verneinen sei. Das Bun­des­gericht wandte sich danach der Frage zu, ob ein iden­tis­ch­er Stre­it­ge­gen­stand vor­liegen würde. Das Bun­des­gericht verneinte die Frage mit dem Argu­ment, dass das Schieds­gericht das Ver­hal­ten der Parteien nach Zustel­lung des staatlichen Entschei­ds gewürdigt habe. Konkret hat­te das Schieds­gericht argu­men­tiert, dass die Partei A auch nach Zustel­lung des staatlichen Entschei­ds Erk­lärun­gen abgegeben habe, die die Partei B und das Schieds­gericht nur als Genehmi­gung des Ver­trags AA1 ver­ste­hen kon­nten. Das Bun­des­gericht erk­lärte, dass es sich hier­bei um echte Noven han­deln würde, weshalb der Stre­it­ge­gen­stand nicht iden­tisch war (E. 4.2.2.2.):

Quoi qu’il en soit, il ressort expressé­ment du n. 432 de la sen­tence, tel qu’il est rédigé, que le Tri­bunal arbi­tral a vu dans le com­porte­ment adop­té par la recourante postérieure­ment à l’ar­rêt ren­du le 11 avril 2012 un motif suff­isant lui per­me­t­tant d’ad­met­tre, à l’in­star de l’in­timée, que la recourante avait accep­té d’être liée par l’AA1. Or, pareille cir­con­stance con­stitue assuré­ment un fait nou­veau (vrai novum ) qui, en toute logique, ne pou­vait qu’échap­per, ratione tem­po­ris, à l’au­torité de la chose jugée dudit arrêt.

Das Bun­des­gericht entsch­ied daher, dass das Schieds­gericht zu Recht zum Schluss gelangt sei, dass keine res judi­ca­ta vor­liegen würde.